Hélène Builly

ARTISTE

« Il me semble que tout a commencé très tôt, quand j’avais cinq ans. C’était à Rodez. Pas loin, il y avait une boutique d’antiquités et un atelier obscur où je me souviens avoir fabriqué un masque à trois yeux, rouge et violet, en papier mâché. De six à neuf ans, j’ai passé beaucoup de temps sous l’eau pour trouver des yeux de Sainte-Lucie. J’habite en Corse, et sur les toits du quartier je regarde le ciel infuser la mer. Et puis il neige pour la première fois depuis dix ans et ma voisine sculpte dans son jardin une sirène de glace. À seize ans, on m’inscrit au Concours Général d’Arts plastiques. Je réalise mes premiers collages.

Le collage, c’est d’abord une irrésistible envie de changer l’ordre des choses, puis une façon de comprendre le théâtre de la vie. Une image porte déjà en elle toute une histoire, la faire vivre dans un nouveau contexte lui confère bien sûr de nouvelles choses à dire mais l’inconscient ne s’affranchit pas totalement de ce qu’elle racontait auparavant, on entre alors dans le détournement pour faire naître des solutions imaginaires. Le hasard est une source de création formidable dans le collage : il rappelle combien il est important de ne pas avoir une idée fixe mais un vecteur car si le collage est un exercice contraignant, cette contrainte s’allège au moment où l’élément découpé et posé dans un nouveau contexte reprend le contrôle de lui-même.

Après un bac littéraire, je passe quatre ans dans une école de graphisme, où je m’ennuie : on dessine des tarentules du Chili au crayon de couleur et des compositions de farfalles avec des billes agate à la craie sèche qu’on met sous marie-louise. Mon sujet de fin d’année, les Extra d’ordinaire, remporte le premier prix décerné par l’Institut Français du Design. Ce sera l’occasion d’une première parution dans le mensuel Étapes graphiques. À la fin de mes études, je travaille essentiellement pour la presse et réalise l’affiche du festival du Printemps de Bourges 2003. Les couvertures que je réalise pour Clam Magazine sont remarquées par une agence japonaise. Une galerie tokyoïte m’invite à monter ma première exposition.

J’entre à l’agence Costume 3 Pièces en 2005. Suivront notamment la création du visuel de Noël dans les grands magasins du Printemps, la campagne mondiale Absolut Vodka, deux fresques monumentales pour le Printemps de l’homme, une publicité pour Renault, la campagne digitale Mr miles d’Air France/KLM… et d’autres clients comme Thalys, La Gazzetta dello Sport, les Nuits d’O à Montpellier, Pepsi, Louis Vuitton, Le Monde, France Télévisions, Actes Sud… Je dirige depuis maintenant neuf ans la section artistique dans la revue Les Cahiers européens de l’imaginaire éditée au CNRS.

J’aime les mots, les visages et leur spectacle, et je suis fascinée par les choses que je n’aime pas. »

 

HÉLÈNE BUILLY

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